You are currently viewing L’homme est un animal rituel

L’homme est un animal rituel

Il est vrai que depuis deux décennies, le zen en Europe se résume à zazen, à la vivacité de l’intuition et au choix de l’immédiateté, en s’appuyant sur le refus de certains maîtres de l’automatisme des rituels au Japon


Pour Wittgenstein, l’homme est un animal rituel. Toute société humaine semble vivre au rythme de rituels qui ponctuent soit des moments de la journée comme le rituel du repas ou le rituel du monde du travail, soit des moments délicats ou sans issues de la vie comme le deuil, la séparation ou la maladie etc. Il est vrai que dans ces cas, le rituel – individuel ou collectif – semble pourvoir un soutien symbolique réel. Pourtant, il nous arrive d’être parfois en présence de personne qui spécifient vouloir pratiquer zazen mais pas aux rituels. Pensent-elles que rituel se conjugue avec religion ou avec pratique primitive, ou que la pratique de zazen se doit d’être défaite de tout rituel et de toute forme de hiérarchie ? En voulant respecter le souhait de l’autre nous nous abstenons et nous donnons ainsi à leur objection une raison suffisante.

Il est vrai que depuis deux décennies, le zen en Europe se résume à zazen, à la vivacité de l’intuition et au choix de l’immédiateté, en s’appuyant sur le refus de certains maîtres de l’automatisme des rituels au Japon. Il est juste de remettre en question un rituel lorsqu’il est devenu automatique ou un décorum, mais ce qui l’est moins c’est de les minorer pour donner du sens au divorce avec les us et coutumes de nos parents ou parce que l’on adhère à la lettre aux dires de J.J. Rousseau : « Je n’ai pas besoin qu’on m’enseigne de culte, il m’est dicté par la nature elle-même ».

Le rituel que nous pratiquons, déjà expurgé du tout japonisant, n’est qu’une célébration qui renvoie à l’appartenance du pratiquant à une tradition – cela devrait rassurer toute personne réservée. C’est la répétition d’un acte sacré qui a été pratiqué par tous les Bouddha depuis l’Origine. C’est en quelque sorte la répétition du Même – la continuité de cette pratique du simplement s’asseoir – et un moyen habile d’échapper à l’opposition entre un rationalisme étriqué et un mysticisme effréné.

Cette pratique dite du « justement s’asseoir » ne possède, en réalité, aucune autre justification que celle du sacré, car sans but ni profit. Lorsque celle-ci devient sauvage, sans le sens du sacré ou sans l’état d’esprit religieux, donc expurgée de tout symbolisme, est-elle encore efficace ? Lorsque tout devient sauvage cela ne donne-t-il pas sens aux excès ?