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Pure folie

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Maître Dôgen continua ainsi : – Si vous consacrez votre vie à pratiquer conformément à la Voie du Bouddha, et si vous vous abstenez de tout ce qui va à l’encontre du Dharma du Bouddha, vous n’avez que faire de ce que l’on peut penser de vous. « Se retirer du monde » signifie que l’on est détaché des émotions de l’homme ordinaire.


Lors d’un enseignement du soir, Maître Dôgen dit : – Que les gens pensent ce qu’ils veulent, laissez-les vous traiter de fou.

Désirer l’harmonie, qui n’est rien d’autre que de vouloir une réconciliation entre soi et le monde par l’expérience du présent comme plénitude, ne peut être perçu que comme folie. Car le monde prétend pouvoir nous offrir des perspectives pour solutionner notre mal de vivre. Quelle mouche vous a donc piqués pour n’y voir que du mal-vivre ? Vous devenez incurables si, pour vivre bien et sortir du samsara, vous en veniez à exprimer le désir de renoncer à toutes vos illusions consolantes – comme le bien-être qui mène indubitablement à désirer d’avantage – pour une ascèse qui exige de vous une pratique, une morale et une sagesse.

Une pratique en soi ne gêne pas grand monde, mais quand celle-ci implique une sorte de dépossession de soi-même – oublier soi-même – tout en exigeant de la ferveur, vous exprimez qu’il est nécessaire, pour parvenir à votre aspiration de l’esprit d’éveil, de vous affranchir de tout ce qui vous empêche d’accéder à la connaissance vraie de vous-même. Chercher alors à avoir l’approbation du monde est en effet pure folie.

Une morale qui engage le passé aussi bien que l’avenir avec cette incessante aspiration d’être responsable de sa vie – en ne se prévalant pas d’être une victime ou d’être le coupable – comme du bien de tous les êtres, peut faire sourire. Car cela demande une vigilance soutenue qui est hors de portée d’un homme ordinaire. Cet engagement demande une saine anticipation de ce qu’il y a à faire.

Une sagesse qui donne à la liberté une notion de conquête de la volonté et de l’autonomie en fixant comme priorité l’intelligence du cœur, est du charabia pour un monde qui ne vit que pour posséder et être possédé par ce qu’il possède.

Inscrire tout ceci dans une continuité et faire en sorte que chaque instant soit un commencement qui se continue tout en assurant un renouveau, vous procure de la joie. Mais quelle incompréhension pour l’homme ordinaire ! Vous n’êtes plus de son monde !

Dans son enseignement, Maître Dôgen continua ainsi : – Si vous consacrez votre vie à pratiquer conformément à la Voie du Bouddha, et si vous vous abstenez de tout ce qui va à l’encontre du Dharma du Bouddha, vous n’avez que faire de ce que l’on peut penser de vous. « Se retirer du monde » signifie que l’on est détaché des émotions de l’homme ordinaire.