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Relation Maître à Disciple II

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La connaissance de Soi, au sens le plus profond, est une marque de la Voie véritable. La relation de Maître à Disciple est l’espace permettant à ce dernier d’accomplir son cheminement sans toute fois se perdre dans la nuit noir.Dans cette relation de Maître à Disciple, il s’agit de vouloir être enseigné.


Se placer sous la guidance d’un Maître est un choix de vie. Celui qui se résout à le faire — avec ce qu’il est — après avoir accompli un certain parcours par ses propres moyens, est parvenu à l’évidence qu’il ne peut accéder à la Réalité de ce qu’il est par lui-même.

Ce qui est enseigné, c’est la Voie. Mais elle est difficilement définissable, palpable, évaluable, elle n’est ni un objet connu ni un concept issu du mental. L’auteur Régis Debray, dans un essai sur la transmission, souligne que seul un objet peut être transmis, et si on se réfère à l’enseignement de Bodhidharma, la Voie ne peut se résumer à ce qui est écrit ni ne peut être cernée par la parole, donc peut difficilement être apprise ou transmise verbalement. Les modalités de transmission entre un Maître et celui qui souhaite être son Disciple doivent certainement passer par l’offrande réciproque de l’expérience de leur vécu, qui ne doit pas être une imposture et qui doit permettre l’apparition du désir de l’esprit d’Eveil, hors du champ de la pensée ordinaire ou discursive.

Dans la vie d’un homme, un simple contact avec un Maître véritable est rare et bien plus précieux qu’il n’y paraît. Le Maître dans l’école Zen n’est qu’un véhicule du Dharma, il n’est ni un prophète, ni le dépositaire d’une connaissance et encore moins un Maître à penser – il serait plutôt le contraire – ou un conseil. Maître Eno disait : « Il est mauvais de penser que sans le conseil d’hommes pieux ou érudits nous ne pouvons atteindre la délivrance. Pourquoi ? Parce que c’est par notre sagesse innée que nous pouvons nous éclairer ». À l’instar du Bouddha (lire le Maha Parinirvâna Sutra), le Maître se refuse de dicter ou de gérer la vie de son disciple. Seul l’imposteur cherche à exercer sur son disciple une pression ou une forme de pouvoir. Mais il ne faut pas se laisser aller à penser que cette relation est comparable à une simple relation d’amitié.
Le passage du simple contact à la relation (celle qui est désignée par I Shin den Shin – de mon âme à ton âme) commence par faire Sanzen – pratique de zazen avec le Maître pour que puisse s’installer un nouveau vecteur de transmission –, et par aller au Dokusan en évitant d’ergoter sur des sujets jugés élevés, afin que la relation conduise à dissiper les erreurs.

La dissipation des erreurs permet au processus de reconnaissance de se faire, d’abord celle de son impuissance à cheminer sans aide, puis celle de la pratique de la Voie comme étant un processus favorable de la connaissance de soi-même (lire le Genjo Koan de Maître Dôgen), grâce à un questionnement profond, permettant de voir tant ses attachements que les motivations qui en découlent et de se dépouiller de ses opinions personnelles – tout ce que l’on croît être vrai et tout ce que l’on a accepté, par habitude, comme des vérités. Alors, il est possible de faire l’expérience de sa personne. La connaissance de Soi, au sens le plus profond, est une marque de la Voie véritable. La relation de Maître à Disciple est l’espace permettant au Disciple d’accomplir son cheminement, sans toutefois se perdre dans la nuit noire.Dans cette relation de Maître à Disciple, il s’agit de vouloir être enseigné.