Et si prendre refuge dans les trois trésors était tout simplement un engagement ?
Lorsque l’on prend refuge dans les trois trésors, est-ce la confirmation de son engagement – car on peut croire qu’il exprime un état de fait, celui que nous sommes déjà engagés – ou n’est ce pas acceptation d’être actif, sans quoi la prise de refuge resterait à l’état de souhait ?
Le sens du terme engagement est «donner en gage» ; s’engager signifierait alors «se donner soi-même en gage».Cela comporte un risque et nous demande d’être à même d’en assumer les conséquences. D’autant plus que s’engager revient souvent à prendre une responsabilité qu’on n’était pas obligé, ou que l’on ne souhaitait pas. Bien que nous puissions croire sincèrement à notre engagement, cela n’empêche pas pourtant de souhaiter s’en échapper en préférant l’engagement passif. Ce qu’il faut savoir, c’est qu’on ne parle pas d’engagement lorsque l’on engage quelque chose ou quelqu’un d’autre. Donc, l’engagement passif n’est pas de l’engagement, mais plutôt de la fumisterie.
Que peut bien gager celui qui s’engage dans la Voie du Bouddha, si ce n’est lui-même ? Que risque-t-il ou qu’a-t-il à perdre ? Ce qu’il risque, c’est peut-être de se tromper, de se rendre compte plus tard que ce Sangha ou cet enseignement ne lui convenait pas. Surtout si l’engagement est perçu comme quelque chose à faire pour soi. Savoir ce qu’il y a à perdre, c’est s’engager pour y trouver quelque intérêt. Celui qui n’y trouve aucun intérêt personnel ne risque rien et ne perd rien.
Finalement, ne s’engage-t-on pas toujours pour soi-même ? A la découverte de la Voie, oui, et il semble qu’il nous soit difficile de nous y soustraire. Quand vient la première compréhension, on s’aperçoit que l’on a toujours été engagé et que l’on est libre de l’accepter ou de le refuser. Puis avec le temps et la pratique, on se sent solidaire de toute l’humanité.