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De l’ignorance à la lucidité

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Nous ne sommes plus enclin à se soucier de la certitude d’une libération future mais on devient conscient que nous sommes limités et finis, on s’entient aux causes qui nous conditionnent en favorisant la culture mentale Bhâvanâ et en mettant en route de la Roue de Loi.


Bouddha, dans son enseignement, donne une place importante à l’ignorance qui voile l’esprit et ne permet pas à l’homme de percevoir la réalité de ce qu’il est. S’agirait-il essentiellement de la possession d’un savoir à l’instar d’un savoir scientifique ou d’une connaissance particulière, comme le terme en langue française le supposerait ? – Non. Bien qu’il traduise assez bien le terme sanskrit d’Avidya, l’ignorance dont il fait mention ne concerne pas l’absence de connaissance, mais plutôt celle de l’expérience directe (marikpa en tibétain) de sa propre nature véritable et de la réalité telle qu’elle est.

Ne sachant pas qui nous sommes, nous nous identifions à notre sentiment du « moi ». Ainsi, nous préférons créer une réalité à partir de notre incompréhension. Cette ignorance-là, est un facteur mental et les illusions qu’elle engendre conduisent à l’avidité, aux désirs de posséder plus que l’on ne peut, à l’attachement et à la haine éprouvés tant pour des personnes que pour des choses – cette ignorance de ce que nous sommes nourrit nos passions. L’attachement à un moi substantiel est responsable de l’incompréhension de la vacuité, qui signifie absence d’existence, car rien n’existe en soi et par soi – tout est impermanent.

Montaigne disait que nous craignons de faire profession de notre ignorance (…), que nous parlons des choses par précepte et résolution (…) et que nous sommes tenus d’accepter tout ce que nous ne pouvons réfuter. Ainsi, se libérer de son ignorance serait se libérer de ce conditionnement, afin de comprendre que l’interdépendance va de paire avec l’impermanence, donc que cette idée d’un moi substantiel et d’une réalité consistante ne serait pas recevable et que tout est vacuité. Si toutes les choses sont perçues sans substance en soi – vacuité – il n’y a plus personne pour se les approprier et il n’ y a plus rien à vouloir ou à devoir posséder. Plus de manque, plus de besoins d’émotions, donc plus de conditionnement de l’esprit, plus de croyances et plus de conflits. Tout effort pour se soustraire de l’ignorance est aussi abandonné, car elle deviendrait source de conditionnement – de croyance. De l’ignorance, on passe à la lucidité de la réalité telle qu’elle est. Nous ne sommes plus enclins à nous soucier de la certitude d’une libération future, mais nous devenons conscients que nous sommes limités et finis. Nous nous en tenons aux causes qui nous conditionnent en favorisant la culture mentale, Bhâvanâ, et en mettant en route la Roue de Loi.