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Le chemin spirituel dispenserait-il d’avoir des déceptions ?

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La Voie en elle-même n’est pas là pour nous procurer, par nous-mêmes ou par transfert de mérite, l’éveil et l’accomplissement, mais elle n’est là que pour créer les conditions, si encore on veut bien pratiquer et prendre conscience que tout est contenu dans la simplicité de sa quotidienneté.


Est-il possible d’envisager de vivre sans compter sur, sans un petit besoin d’espérer, sans aucun désir ou sans émettre de souhait ? Plus simplement, est-il possible de considérer une vie sans aucune attente ? Il semblerait qu’il soit difficile de s’en exonérer bien même si on s’efforçait d’atténuer les inconvénients. S’il nous est impossible d’entrevoir une vie sans attente, il semble farfelu de concevoir sa vie sans déception. La déception est étroitement liée à nos attentes explicites ou non, mais elle n’est pas qu’une insatisfaction, c’est, aussi l’instant où il est possible de faire le constat de l’écart entre ce qui est attendu et ce qui se passe en réalité.

N’est utile que ce qui satisfait un besoin, est-ce bien le cas ? Cela pourrait l’être si l’analyse de l’écart entre la prévision et le réalisé nous menait à mieux les identifier, et surtout à définir plus clairement ses besoins. Bien que la déception ne soit qu’un simple indicateur et sûrement pas une émotion, elle s’accompagne fréquemment de sensations de frustration ou d’émotions comme la tristesse, la colère ou la jalousie et parfois même les trois à la fois, alors qu’elle devrait nous préciser le degré d’implication dans l’établissement de nos prévisions et nos critères de satisfaction. Il est vrai qu’il est nécessaire que ces émotions puissent être ressenties, mais il ne faudrait pas non plus qu’elles nous fassent perdre de vue notre responsabilité en essayant de la faire porter à autrui ou la reporter sur les diverses circonstances. Nous savons tous par expérience que vouloir entretenir l’illusion que l’on n’est pas responsable ne change en rien la situation ; par contre, elle ne nous renvoie toujours à rien d’autre qu’à devoir voir les choses différemment ou à se voir comme autrement.

Le chemin spirituel dispenserait-il d’avoir des déceptions ? Non, il en va de la Voie comme de la Vie ordinaire ; ne pas se fourvoyer dans l’espoir ou des attentes irraisonnables devrait toujours être le principe vital. Il ne se trouve aucune once de remède miracle, aucun maître pouvant absoudre les péchés, aucune vertu pouvant guérir les états dépressifs ou encore aucune fonction qui attendrait pour satisfaire les ambitions. Vouloir y croire, c’est aller irrémédiablement à la déception. Vous êtes déçus, grand bien vous fasse, maintenant il faut apprendre à faire avec et surtout ne jamais plus perdre de vue qu’il est plus simple d’être ce que l’on est, et qu’il y a des absolus simples qui sont à notre portée. La Voie en elle-même n’est pas là pour nous procurer, par nous-mêmes ou par transfert de mérite, l’éveil et l’accomplissement, mais elle n’est là que pour créer les conditions, si encore on veut bien pratiquer et prendre conscience que tout est contenu dans la simplicité de sa quotidienneté.